Le 24 février 2022, la Russie attaque l'Ukraine. Alors qu'ils travaillaient depuis trente-sept ans à Komsomolsk-sur-l’Amour, dans le petit théâtre indépendant qu'ils avaient créé, les membres du KnAM sentent l'urgence à sauver leur peau et quittent les confins de la Russie pour se réfugier en France. Nous ne sommes plus... est l'histoire de leur exil. Qu'emporte-t-on quand il faut tout quitter ? Qui laisse-t-on ? À partir de leurs propres souvenirs, d'objets rapportés et de témoignages, de photos et de vidéos, les membres du KnAM composent une mosaïque poignante, en français et en russe, qui tente de « recoller le miroir brisé de la mémoire russe ». Dans un clair-obscur digne du Caravage, avec les moyens du bord et un humour noir omniprésent, ils rejouent des scènes, se filment en gros plan. La magie du théâtre opère, ressuscite les absents, nous fait passer du rire aux larmes en un rien de temps. Un acte de résistance puissant, loin de tout didactisme et mené avec le cœur.
« Comment on fait rentrer
toute sa vie, et 37 ans de
travail d’un théâtre,
dans une valise de 23 kg,
qu’est-ce qu’on laisse derrière soi,
qu’est-ce qu’on emporte avec soi
quand on ferme
définitivement la porte ? »
Extrait
Création documentaire et mise en scène Tatiana Frolova - KnAM Théâtre
Avec Dmitrii Bocharov, Liudmila Smirnova, Vladimir Dmitriev, Irina Chernousova, German Iakovenko, Bleuenn Isambard
Matière documentaire collectés par Tatiana Frolova et les artistes du KnAM Théâtre
Texte français et surtitrage Bleuenn Isambard
Son Vladimir Smirnov
Musique Egor Frolov
Vidéo Tatiana Frolova, Dmitrii Bocharov, Vladimir Smirnov
Régie générale Sylvain Ricci
Production KnAM Théâtre
Production déléguée Les Célestins - Théâtre de Lyon
Production exécutive Centre dramatique national Besançon Franche-Comté
Coproduction Comédie de Genève / Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme Ardèche / Théâtre populaire romand, Centre Neuchâtelois des arts vivants - La Chaux-de-Fonds / Théâtre National Wallonie - Bruxelles / Festival Sens Interdits
Soutien en résidence de La Fonderie - Le Mans et de L’Assemblée, fabrique artistique / Compagnie du Bonhomme - Lyon
Avec le soutien de la direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes et de l’ONDA - Office national de diffusion artistique pour le surtitrage
Le CDN Besançon Franche-Comté, producteur exécutif du spectacle, bénéficie du soutien du programme PAUSE, programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil, porté par le Collège de France.
Tatiana Frolova et le KnAM Théâtre sont artistes associés aux Célestins, Théâtre de Lyon
DANS LA PRESSE
LE MONDE - Joëlle Gayot
« C’est ce cœur béant où le sang n’afflue plus qui est la matrice du spectacle. Un trou où l’humain est absent, mais dont Vladimir Poutine fantasme l’expansion infinie, dans un désir de contamination effrénée que Tatiana Frolova et sa troupe mettent en scène en pointant, au fil de leurs mots, le lent et insidieux empoisonnement des mentalités russes [...] »
TÉLÉRAMA - Kilian Orain
« Opposées à la guerre menée contre l’Ukraine, Tatiana Frolova et la troupe du Théâtre KnAM ont fui la Russie. À travers le théâtre documentaire qui a fait leur renommée, ils racontent ce départ. Une évocation puissante de ce et ceux qu’on laisse derrière soi.»
LA TERRASSE - Manuel Piolat Soleymat
« Nous ne sommes plus… le spectacle coup de poing de la metteuse en scène russe en exil Tatiana Frolova. »
SCENEWEB - Anaïs Heluin
« Cette création dit avec force le choix de l’art et de la vie, contre une Russie criminelle. »
EN SAVOIR PLUS
« Vous savez comment un petit chiot se transforme en un chien méchant ? Il faut le frapper, en permanence, et il deviendra méchant, se jettera sur tout le monde et aura peur de son maître. C’est exactement ce qui a été fait au peuple soviétique d’abord, puis au peuple russe. C’est pourquoi dans mon pays, les gens pensent qu’il y a des ennemis tout autour et craignent leur chef plus que la loi ». Pour ce premier spectacle créé en exil, Tatiana Frolova a suivi son processus de création habituel. Elle a réuni du matériel (souvenirs d'enfance, voix, photographies déchirées et objets délabrés, éléments naturels, comme le feu, la glace...) qu'elle a sélectionnés, découpés, montés. « C’est comme un Lego qu’il faut construire brique par brique, ou un tapis qu’il faut tisser, un fil après l’autre. » Elle explique encore : « Nous cherchons avidement à comprendre qui nous sommes, d’où nous venons, où sont nos racines et quelles empreintes et traces de nos grands-parents portent nos corps aujourd’hui ». Lorsqu'elle est partie, elle a emporté « les broderies réalisées par (sa) mère, ainsi qu’une fourchette confectionnée par (sa) grand-mère. Et quelques livres très importants pour (elle) comme Les Cahiers d’Eisenstein ou un recueil de dessins de Yoko Ono, Les Fleurs invisibles ». Parmi les obsessions qui traversent Tatiana Frolova, il y a les questions suivantes : Qu'est-ce qui nous empêche d'être tout simplement heureux ? Comment réconcilier les gens avec le sentiment éphémère, sincère et profond du bonheur ? Pourquoi je ne peux pas être vraiment libre ? Pourquoi mon corps est-il tellement coincé ?
BIOGRAPHIE
Tatiana Frolova est metteuse en scène, née à Komsomolsk-sur-l’Amour en Russie, réfugiée à Lyon depuis mars 2022, suite à l'agression de l'Ukraine par la Russie. Elle se forme en mise en scène à l'Institut de la Culture de Khabarovsk. Elle fonde le théâtre KnAM dans sa ville natale, premier théâtre indépendant de Russie, où elle crée des oeuvres contemporaines qui portent l'espoir d'un changement. Depuis une quinzaine d'années, elle invente un théâtre documentaire, basé sur le recueil de témoignages de vie. Ainsi elle mêle histoires personnelles et grande histoire, et dénonce les crimes de la Russie (la guerre de Tchétchénie dans Une Guerre personnelle ; la mémoire et l'oubli dans Je suis...). Chaque année depuis 2011, elle est accueillie au Festival Sens Interdits et aux Célestins - Théâtre de Lyon. Elle anime régulièrement des ateliers et masterclasses pour les amateurs et les étudiants en théâtre (Conservatoire National Supérieur d’Arts Dramatiques de Paris, ENSATT, CDN de Besançon, ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie...).
durée 1h20
à partir de 14 ans
spectacle en russe et en français surtitré en français